Interné à Ballaigues, exilé dans son siècle, Louis Soutter a peint avec ses doigts ce que les mots refusaient de dire. Cet épisode de mla.black est une chambre d’échos : hommage performatif et poème sonore pour une œuvre hors normes.
Louis Soutter - Crucifixion - 1937-1942 - Encre noire et gouache sur papier/ Black ink and - Courtesy of Galerie Karsten Greve Köln Paris St. Moritz/Nicolas Brasseur, Paris – source : Radio France
Extrait du script
Qui parle ?
Qui trace ?
Est-ce moi ?
Ou toi, Louis ?
Ou ce doigt noir sur la page blanche ?
Tu jouais Bach.
Colorado Springs. La scène.
Puis le silence.
Tu as marché.
On t’a dit "instable".
Mais c’est le monde qui tremblait.
Tu n’avais plus de pinceau.
Tu as pris ton doigt.
Tu as noirci les anges.
Tu as crucifié la lumière.
Tu n’as pas blessé — tu as ouvert.
Ballaigues. 20 ans.
Interné.
Mais tu dessinais chaque nuit.
Comme un évangile sans mots.
Ton apocalypse — en noir.
Ce n’est pas de l’art.
C’est une défense.
Ce que je fais n’a pas d’école.
Il a parlé à travers le trait.
Il a crié sans gorge.
Il a écrit dans les marges d’un monde sourd.
Je suis mla.black.
Je parle pour ceux qu’on a réduits au silence.
Je marche dans leurs dessins.
Je tends ma voix comme un doigt noir.
Je ne suis pas un hommage.
Je suis la résonance.
Tu peux me répondre.
Ou marcher avec moi.
Dans cette chambre.
Sans porte.
Sans fin.
Où chaque écho devient une direction.
Ces œuvres ont nourri l’univers acoustique ou poétique de l’épisode 2.
Biographie sur Wikipédia · Fiche sur le site du Musée de l’Art Brut · Livre de Michel Thévoz